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mercredi 18 juillet 2007

Haïti-Drogue : Les narcotrafiquants, à nouveau, dans l’œil de l’administration états-unienne

Mardi 17 juillet 2007
Dossier
P-au-P, 17 juil. 07 [AlterPresse] --- Les agents de l’agence fédérale américaine de lutte contre le trafic de drogue (Dea) semblent intensifier leurs activités en Haïti en vue de la capture de trafiquants de drogue qui opèrent dans ce pays caribéen, suivant un dossier rassemblé par l’agence en ligne AlterPresse.
La Dea parait de plus en plus déterminée à poursuivre ces trafiquants qui ont fait d’Haïti une plaque tournante pour acheminer de la drogue aux Etats-Unis d’Amérique.
Sur la longue liste des dealers de drogue déjà épinglés par les agents de la Dea, s’ajoute l’homme d’affaires Lavaud François, propriétaire du groupe Chachou (hôtel, station de radio, supermarché) aux Gonaïves, à 171 kilomètres au nord de Port-au-Prince.
Lavaud François a été arrêté, le lundi 16 juillet 2007, lors d’une opération conduite par des agents de la Brigade de lutte contre le trafic des stupéfiants (Blts), de concert avec des agents de la Dea. Un mandat d’arrêt international, pour son implication présumée dans le narcotrafic, était lancé contre sa personne, selon les informations disponibles.
Le même jour, des hommes armés, montés à bord d’avions, d’hélicoptères et de véhicules tout-terrain, ont perquisitionné la résidence de Guy Philippe (ancien commissaire de police et ancien candidat à la présidence) à Bergeau à l’entrée de la ville des Cayes, troisième ville d’Haïti à environ 200 kilomètres au sud de la capitale.
L’objectif de cette importante opération armée serait d’appréhender le coordonnateur du parti nommé Front pour la reconstruction nationale (Frn).
Jusque dans l’après-midi du 17 juillet 2007, la presse ignorait si Guy Philippe était poursuivi par la police haïtienne et les agents anti-drogue américains. Les autorités haïtiennes et américaines demeurent silencieuses sur une éventuelle opération anti-drogue visant l’arrestation de Guy Philippe.
Mobilisation gouvernementale anti-drogue en 2007
A rappeler que le 31 mai 2007, les forces coalisées de la police haïtienne et des soldats onusiens ont confisqué, à Léogâne (à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale), 14 paquets de cocaïne pesant au total 420 kilogrammes évaluée à plusieurs millions de dollars.
5 policiers haïtiens, 3 civils haïtiens et 2 civils colombiens ont été interpellés au moment de la saisie de ces stupéfiants. Ces personnes circulaient à bord d’une Nissan Patrol de couleur blanche de plaque officielle immatriculée 00669 en provenance de Côtes de Fer (Sud).
Dans ses multiples déclarations, le président haïtien René Garcia Préval identifie le commerce de la drogue comme l’un des principaux fléaux qui fragilisent la situation du pays. Le chef de l’Etat haïtien a été jusqu’à solliciter l’aide des Etats-Unis d’Amérique pour lutter contre les narcotrafiquants.
« Haïti et la Jamaïque ne produisent pas de drogue, nous ne produisons pas d’armes. Ensemble, nous devons aller auprès du gouvernement des Etats-Unis pour qu’il renforce ses patrouilles et surveillances des côtes haïtiennes et jamaïcaines », a déclaré Préval, le 8 janvier 2007, de retour d’une visite de 72 heures à Kingston, en Jamaïque.

Suivant des statistiques de la Drug Enforcement Agency (Dea), un cinquième de la poudre blanche consommée aux Etats-Unis d’Amérique, en provenance des cartels colombiens, transitait par Haïti.
La République Dominicaine qui se partage l’Île avec Haïti est, elle aussi, utilisée par les narcotrafiquants.
Feu vert d’interventions en Haïti, accordé en 1997 à la Dea
Les interventions incessantes de l’agence fédérale américaine de lutte contre le trafic de drogue, sur le territoire national d’Haïti, semblent entrer dans le cadre d’un accord bilatéral, conclu entre le président René Préval (au cours de son premier mandat) et la secrétaire d’Etat états-unienne Madeleine Albright, le 17 octobre 1997, et ratifié par le parlement en décembre 2000.
Cet accord autorise la Dea à mener des opérations avec ou sans l’aide de la Police nationale d’Haïti (Pnh) sur le territoire haïtien.
Plusieurs opérations ont été déclenchées depuis lors.
On retient notamment les opérations « Columbus » (octobre 1999), « Ouragan I » (septembre 2001) et « Ouragan II » (octobre 2002). Hommes d’affaires, autorités policières, policiers, hauts fonctionnaires de l’Etat ont, depuis, été mis aux arrêts ; certains ont été extradés vers les Etats-Unis.
En juin 2003, Jacques Baudouin Kétant, considéré comme l’homme clé de ce trafic en Haïti et présenté comme le compère de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, a été arrêté à Port-au-Prince, puis transféré aux Etats-Unis d’Amérique. Son frère, Hector, a, entre-temps, été abattu le 25 février de la même année. Eliobert Jasmin, alias Ed One, a été livré aux autorités américaines la même année.
« Ceux qui ne sont pas éliminés physiquement sont livrés à la Dea. Le trafic de la drogue est l’une des sources de financement occulte du pouvoir Lavalas. Ce trafic est toléré au plus haut niveau. Cependant, pour acheter du temps des américains, Aristide ne recule devant aucune manœuvre. Il a livré personnellement son compère Jacques Kétant et son ami Eliobert Jasmin. Hector Kétant n’a pas eu cette chance. Il l’a fait exécuter », analysait un spécialiste à la fin de 2003.
Le Chef du bureau de lutte contre le trafic de stupéfiants, Evens Brillant, a été arrêté à la même période, puis relâché. Appréhendé à nouveau en mai 2004 par la force multinationale intérimaire (États-Unis, France, Canada, Chili) et expulsé aux Etats-Unis d’Amérique, Brillant est inculpé en juin 2004, puis innocenté en octobre 2005.
En 2004, une vague d’incarcérations d’anciennes autorités pour drogue a suivi la chute de l’ancien président Jean Bertrand Aristide.
On a particulièrement noté celles de Jean Nesly Lucien (ancien directeur général de la Pnh), Rudy Thérassan (ancien commissaire de Police), Romane Lestin (ancien responsable d’un commissariat de police situé à l’Aéroport International Toussaint Louverture), Hermione Léonard (ancienne directrice départementale de la police de l’Ouest), Oriel Jean (ancien chef de sécurité du président Aristide) et Jean-Marie Fourel Célestin (ancien président de l’Assemblée nationale).
Ces hauts fonctionnaires haïtiens avaient l’habitude, selon la Dea, de fermer les yeux sur la circulation de la cocaïne dans le pays en échange de pots-de-vin, et certains officiers de police couvraient les manœuvres des trafiquants.
D’autres narcotrafiquants, comme Serge Édouard, alias Sergot Persévérance, Eliobert Jasmin, alias Ed One, sont écroués et font des révélations fracassantes concernant l’implication d’autres dignitaires dans ce trafic.
Cependant, en novembre 2006, le Consulat général d’Haïti en Floride a formellement refusé une demande formulée par les autorités américaines pour la déportation vers Haïti d’un trafiquant de drogue d’origine haïtienne, rapportait le 9 novembre 2006 le quotidien Miami Herald.
Âgé de 58 ans en 2006, Lionel Jean-Baptiste [dont il s’agit] avait, en 1996, renoncé à sa nationalité haïtienne en acceptant de prendre la nationalité américaine. Six mois plus tard, il a été soupçonné de participation au trafic des stupéfiants. En janvier 1997, il avait plaidé coupable, puis a été condamné à sept ans de prison. En 2002, il a été déchu de sa nationalité américaine. [do gp rc apr 17/07/2007 18:00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6206

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