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mardi 24 juillet 2007

Cri d'alarme en faveur de la paysannerie

La paysannerie haïtienne est délaissée. Moins de 10% du budget national est consacré à ce secteur pourtant vital. Lors d'un rassemblement dans le département de l'Artibonite, des responsables d'Ong et autres personnalités évoluant dans le domaine ont plaidé en faveur de sa prise en charge.

« La priorité du gouvernement actuel n'est pas l'agriculture, mais le tourisme et la zone franche », a déploré le professeur Camille Chalmers, lors de la 2e assemblée générale du Réseau national haïtien pour la Sécurité alimentaire (Renhassa) tenue au cours du week-end à Lestère (Artibonite). Intervenant autour du thème : « Politique néolibérale / Economie rurale », le responsable de la Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA) estime que le pouvoir actuel n'affiche aucune volonté pour venir au secours de la paysannerie abandonnée à son sort. « Le document stratégique national pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP) qui va remplacer le Cadre de coopération intérimaire (CCI) ne prévoit pas d'investissement sérieux dans le secteur paysan, a-t-il fait remarquer. Le tourisme et les zones franches sont les deux priorités de l'administration Préval/Alexis. »

Le directeur de l'Institut national de la réforme agraire (INARA), Bernard Ethéard, a lui aussi, affiché son désaccord avec la politique du gouvernement Alexis en matière d'agriculture. Comme pour corroborer les propos de Camille Chalmers, il a fait état d'un projet du gouvernement d'établir une autre zone franche sur trois mille hectares dans le département du Nord-est. Il dit craindre que les paysans ne soient à nouveau dépossédés de leur terre. « Je compte écrire au président de la République à ce sujet », a-t-il annoncé. A côté de l'établissement des zones franches dans le pays, Bernard Ethéard se dit inquiet du plan du gouvernement de produire de l'éthanol. « En produisant de l'éthanol, on peut revenir au temps de la SHADA où l'on saisissait les terres des paysans, dit-il. Le gouvernement doit étudier à tête reposée les avantages et les inconvénients de la production de l'éthanol. »

La 2e assemblée nationale du Renassa a été l'occasion pour les responsables de l'organisation et ceux des autres Ong de faire un plaidoyer en faveur de la paysannerie haïtienne. « Libéralisation du marché et absence de crédit », figurent d'après Camille Chalmers au nombre des barrières empêchant le développement du secteur. Il demande à toutes les organisations paysannes de se mobiliser afin de porter l'Etat haïtien à assumer ses responsabilités envers les paysans. Le coordonnateur du Renassa, Doudou P. Festile a, lui aussi, dressé un tableau sombre de la situation de la paysannerie haïtienne. « Moins de 10% du budget national est consacré à ce secteur vital », a-t-il fait savoir. Il a, par ailleurs, dénoncé l'envahissement de notre marché par des produits venant de l'étranger. Une étude sur les impacts des produits « pèpè » sur la santé de la population financée par l'Actionaid, a-t-il annoncé, est en cours de réalisation. Présent dans sept des dix départements géographiques du pays le Réseau national haïtien pour la Sécurité alimentaire se donne pour objectif de faire la promotion de la production nationale. Il regroupe aujourd'hui plus d'une centaine d'organisations.

Jean Pharès Jérôme
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=46470&PubDate=2007-07-24
Version espagnole disponible sur Haïti Crema y Nata sur http://haiti-crema-y-nata.blogspot.com

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