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vendredi 29 juin 2007

Difficile gestion des déchets

Les décharges publiques sont comme des garde-manger. Sans le savoir, des infortunés réduisent le degré de contamination de la nappe phréatique de la Plaine du Cul-de-Sac.
Une tige de fer à la main, Dieulome, 40 ans, remue chaque mètre carré d'une décharge publique située à l'angle de la Nationale numéro 1 et de la Route 9, non loin de Titanyen. Comme si sa vie en dépendait, il cherche, une vieille casquette vissée sur la tête, un sac accroché à son dos, de l'aluminium, du plomb, du plastique, du cuivre... « Le cuivre se vend à 60 gourdes la livre », confie cet homme qui n'a pas honte qu'on dit de lui « qu'il mange dans les ordures ». « Je suis fier de gagner ma vie de cette façon au lieu de voler », se vante-il sous les yeux de sa femme et de ses enfants.

Sans se rendre compte, Dieulome et d'autres misérables infortunés qui fouinent dans les décharges de Fort-Dimanche, de Trutier..., diminuent un tant soit peu la contamination au plomb ...de la nappe phréatique de la Plaine du Cul -de- Sac. Toutefois, l'incidence de la mauvaise gestion des déchets sur la santé publique demeure une source de préoccupation.

Selon Anie Bras, doctorant en gestion des ordures ménagères à l'INSA de Lyon, et chercheuse à l'Université Quisquéya, la cryptosporidiose, maladie due au cryptosporidium par vum, un parasite unicellulaire protozoaire, est un bon indicateur de la contamination de l'eau distribuée à travers la région métropolitaine. « A Port-au-Prince, entre 2000 et 2001, une étude réalisée sur 1529 examens cropologie-parasitaires indiquaient que la prévalence de ce parasite était de 10,03 % », explique-t-elle.

Les yeux accrochés à son ordinateur, elle souligne qu'en Haïti la cryptosporidiose est responsable de 17 % des diarrhées aiguës observées chez les enfants de moins de 2 ans et de 30 % des diarrhées chroniques chez les porteurs du VIH. Anie Bras poursuit en mettant l'emphase sur le fait que ce parasite résiste à la chloration, la méthode la plus répandue pour traiter les eaux destinées à la boisson dans le pays. Appelant à la conception et à l'implémentation d'un système de gestion des déchets incluant les aspects technique et administratif, elle s'est arrêtée sur la mise en décharge, une étape intervenant après la pré-collecte, la collecte, le transport et le traitement.Selon elle, les déchets sont entreposées dans l'irrespect total des normes internationales.
Ceci depuis un bon bout de temps, précise-t-elle, en évoquant le décret du 3 mars 1981 régissant la gestion et l'élimination des déchets dans la zone métropolitaine.Un décret dépassé et inadapté à la situation actuelle de même que l'arrêté présidentiel du 21 avril 1983 déclarant Trutier zone de dépôt des déchets. Sur le périmètre de la nappe phréatique de la Plaine du Cul-de-Sac, argumente Anie Bras.
Elle propose « d'étanchéiser » les décharges publiques afin d'éviter l'infiltration du lixiviat, liquide provenant de la décomposition des déchets dans la nappe d'eau souterraine. Jusqu'ici, on ne semble pas être préoccupé par l'incidence de la mauvaise gestion des déchets sur la santé publique. Les épidémiologistes sont peu enclins à identifier les causes de certaines épidémies, estime-t-on.
On s'en remet à Dieulome et aux autres infortunés de la vie de réduire le taux de contamination de la nappe phréatique de la Plaine du Cul-de-Sac.

Roberson Alphonserobersonalphonse@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=45536&PubDate=2007-06-28

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