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dimanche 24 juin 2007

De la sécurité du territoire haïtien… (Le diable arriverait –t-il a inspiré plus de confiance suivant qu’on le nomme satan ou lucifer ?)

Pour éviter la dénomination « Forces Armées d'Haïti » et contourner la terminologie de Gendarmerie, des observateurs politiques plaident pour la désignation nouvelle de Force de Sécurité du Territoire haïtien (FSTH). De là à ouvrir un débat constitutionnel, il n'y a qu'un pas.
La relance de la question brûlante autour de la constitution d'une « force publique » soulève quelques craintes dans des secteurs politiques et sociaux. Ces inquiétudes se justifieraient par le passé des Forces armées d'Haïti qui, durant les vingt dernières années, ont joué un rôle de « commandeur » dans la vie politique haïtienne. Tandis qu'une opinion circule dans certains milieux que les déboires de la nation sont, en grande partie, dus aux coups d'Etat qui nous valent la présence sur notre territoire de troupes étrangères, un argument gagnant du terrain soutient qu'Haïti a besoin de sa propre force de sécurité. Il semble qu'après un temps de hargne généralisée contre l'institution militaire, on reprend un certain équilibre pour voir la situation, « sans état d'âme».

De la Gendarmerie suggérée par la présidence à la reconstitution des Forces armées d'Haïti en passant par la notion de « force publique », les observateurs retiennent qu'il y a ,en premier lieu, un « inconfort sémantique » ou un problème de dénomination qui ne sera pas moins important dans les débats à venir. Certains politologues haïtiens pensent que la dénomination de Gendarmerie nationale renvoie à des contextes historiques troublés de notre vie de peuple. Ils affirment aussi que, dans un pays qui doit tout refaire pour retrouver son identité, une certaine distance devrait être prise par rapport à une désignation institutionnelle répandue sur d'autres cieux.

Pour éviter la dénomination « Forces Armées d'Haïti » ou ce qu'elle laisse de traumatismes dans la mentalité collective et contourner la terminologie de Gendarmerie, des observateurs politiques plaident pour la désignation nouvelle de Force de Sécurité du Territoire haïtien (FSTH). De là à ouvrir un débat constitutionnel, il n'y a qu'un pas.
Ces observateurs soutiennent l'argument que cette dénomination a la vertu d'étendre la sécurité non pas simplement à la détention légale d'armes et à une hiérarchie militaire, mais surtout à toute une vaste logistique de modernité technologique qui inclut la protection physique du territoire. L'environnement, des opérations de salubrité publique, la surveillance des zones de « réserve naturelle », le contrôle de nos frontières, de nos eaux territoriales et de l'espace aérien sont aussi de la responsabilité de la Force de Sécurité du Territoire haïtien.
LE PAPIER ET LE FER
On a constaté que les urgences du pays au cours de ces dernières années se trouvent dans la destruction systématique du territoire et les constructions anarchiques qui font peser une épée de Damoclès sur le pays et sur sa population, toutes classes sociales confondues. Les ministères créés dans le but de prendre en charge ces urgences manquent de moyens coercitifs pour empêcher la dégradation progressive du territoire haïtien. Il faut donc un renforcement de ces structures pour éviter au pays de connaître le pire sur le plan écologique et humain.

« L'analyse de la problématique de la sécurité », selon les termes du Premier ministre Alexis, ne saurait seulement se limiter à ce que l'institution représentait dans le temps comme « Forces armées » et les conséquences de ses actions sur la Constitution. Celle-ci est toujours renvoyée aux calendes grecques. Le papier doit, aujourd'hui, remplacer le fer !
L'argumentation des coups d'Etat, bien qu'elle doive servir de garde-fou à la Commission qui devra se pencher sur la question, ne doit pas pourtant être un cran d'arrêt à toute nouvelle articulation autour d'une institution de sécurité nationale qui n'aura pas pour mission unique de penser « aux stratégies de guerre ». Nous vivons une époque où les confrontations armées, en Amérique en tout cas, se réduisent à une peau de chagrin. L'expérience de la cohabitation entre les peuples n'est pas encore idéale. Mais les idéologies de plus en plus bousculées portent les nations vers une quête plus pragmatique de bien- être en abordant des questions urgentes : les maladies, la destruction de la couche d'ozone, l'équilibre écologique, les relations d'identité, les nouvelles approches de la culture.
Est-ce un hasard si la question de l'armée débattue cette semaine au Parlement tombe dans un contexte de cri d'alarme « pour empêcher la disparition de la Forêt-des-Pins qui joue un rôle primordial dans l'équilibre écologique du pays et de la Caraïbe » ? Est-ce un hasard également l'organisation à la citadelle Laferrière de « Caraïbes en Création » qui rapproche les penseurs de la région dans un espace autrefois militaire aujourd'hui transformé en haut lieu de débats intellectuels ?
Le général Raoul Cédras semble être la dernière figure du militarisme en Haïti.
Face aux urgences auxquelles le pays est confronté, il est à craindre que la problématique de la « force publique » ne soit réduite à des discussions de clans, de secteurs ou de personnalités politiques alors qu'elle est consignée dans la Constitution de la République. On peut espérer que les débats autour de la future Commission ne soient pas une manière de gagner du temps et faire retarder l'échéance des réponses concrètes à donner à toutes nos priorités nationales.

Nous trouvons assez déplorable la teneur el le niveau des idées qui semblent alimenter les débats autour de la constitution des forces de sécurités publiques. Une solution aura du mal aussi à voir le jour si le problème ne se pose pas en des termes clairs et simples. Aujourd’hui il s’agit de savoir si oui ou non le pays a besoin d’une force complémentaire à nos actuelles forces de l’ordre.
Répondre par non voudrait dire que nous devrons nous habituer à céder la défense de notre territoire à une force étrangère dont le nom de MINUSTAH deviendrait inapproprié.

Si notre réponse est oui il faut ranger ce projet dans la liste des priorités et en fonction de la nécessité consentir le sacrifice de reléguer à un second plan des domaines avec des besoins encore plus pressants sans doute dans le court terme et faire place à la mise en œuvre de ce projet.

Le fait même de continuer à se cacher derrière le spectre des coups d’état pour affranchir de toute légitimité nationale l’existence d’une force armée pour assurer de façon autonome et indépendante la protection et la surveillance de notre territoire dénote que nous n’avons pas grandi d’un yota depuis 1986. Ce faisant, nous donnons raison à ceux-là qui nous considèrent comme un Etat en faillite ou un Etat inexistant dans la mesure ou le message que nous laissons transpirer est clair et éloquent : Nous, Haïtiens, nous n’avons plus les moyens d’éduquer une force de l’ordre en lui inculquant les valeurs nationales et le sens de l’équilibre entre les droits et les devoirs. Et si tel est aujourd’hui le cas laissons notre patriotisme à deux balles de côté et laissons gouverner les autres à notre place.

En essayant de poser le débat autour des nominations à éviter ou à adopter en laissant de côté les questions sur les capacités de la société haïtienne à créer une institution respectueuse de la constitution et des lois du pays, nous vouons faire croire que le diable inspirerait plus de confiance suivant que nous l’appelons SATAN ou LUCIFER

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